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Le grand isolement

Manuscrits lémuriens

Origines, histoire et destin de l’humanité

Satguru Sivaya Subramuniyaswami

Chapitre 22


Le grand isolement

280 À cette époque de notre yuga, le sombre nuage se voit facilement à l’horizon, et il est de plus en plus difficile de réprimer les forces avides du système nerveux animal et ne pas lâcher notre culture. La population entourant les monastères commence à s'accoupler hors saison, ne produisant pas de progéniture, mais ne réussissant qu’à exciter et renforcer le système nerveux animal. Une nouvelle culture se développe, et certains de nos gurus les plus sages et fins sont séparés de nous par la grande condensation de notre atmosphère en étendues intraversables couvrant la terre. D'autres peuples encore ont été séparés davantage par ce changement atmosphérique et terrestre, n’ont ni gurus ni moines sivaïtes et nous pensons qu'ils risquent d'oublier nos culture et coutumes à mesure que s’établit le kali yuga. Il sera difficile pour nos gurus de les atteindre, même en s'incarnant parmi eux où ils risqueraient de ne pas être reconnus. 


Dharma et destinée des moines

281 Un être devenant moine est arrivé à destination pour cette vie-ci. Sa philosophie, son domaine de service, sa mission pour la vie et la façon dont il s’y prendra pour le faire: tout est fixé d’avance. Les os de son corps deviennent le chakram où passe le darshan. Et s'il contemple le monde par les pulsions animales de son système nerveux externe, ne fût-ce qu’un instant, son darshan se transforme en feu brûlant en son corps. Le conseil des aînés veillent attentivement à ce que cette déroute ne se produise pas et quand elle se produisait, on prescrivait de sévères tapas qui dureraient longtemps. Car chacun devait être un conduit pur permettant au darshan de descendre. Ce n’était qu’ainsi, nous prévenait notre Dieu, que le darshan pourrait se maintenir sur la planète pendant le kali yuga et être repris par d'autres lorsque le Sat Śiva Yuga pointerait à l’horizon.


La prédiction par les rêves

282 Le conseil des aînés se fiait beaucoup aux rêves où un Dieu, un guru, un deva ou un génie apparaissaient. N'importe quel résident pouvait envoyer le compte-rendu d’un tel rêve aux aînés pour qu’ils l’examinent. Si le rêve était valide, l’un des aînés aurait eu le même rêve ou un rêve semblable. Parfois, quand cela se produisait, le moine ayant fait le rêve était invité à venir le raconter au groupe des aînés. C'est ainsi que certaines des prophéties à propos de notre époque changeante nous sont parvenues. Si un rêve était ainsi confirmé par le conseil des aînés, prévoyait quelque innovation, le guru en était informé, et une fois son approbation obtenue  lui permettait de s’intégrer à nos coutumes. À mesure que nous nous enfonçons dans les forces du kali yuga, nous devrons dépendre de plus en plus de cette méthode, nous prédit-on. 


Protocoles relatif au mur

283 Pendant que les moines près de la porte du mur suppliaient les dévas gardiens et autres êtres célestes de les accueillir au monastère, on leur donnait certaines petites tâches tel que cultiver la terre, cueillir des fruits, des fines herbes et conduire de diverses recherches pour rendre leur vie plus productive une fois qu'ils vivraient au monastère. Et, bien sûr, après avoir subi un examen philosophique et que leur vie monastique personnelle et leur conduite furent révisées, ils étaient bien préparés à assumer les fonctions pour lesquelles ils avaient été formés avant d'entrer. 


Diverses sortes de murs

284 De temps en temps, sous le regard du guru, on retenait longtemps les moines qui suppliaient au mur, puis, soudain, on les renvoyait supplier à un autre mur d’un autre monastère. Ce refus d'entrée pouvait se répéter à de nombreux murs où ils se rendaient en pèlerinage après avoir déjà effectué quantité de tapas auprès d’autres murs. Cette discipline servait à purger des complexes instinctifs-intellectuels qui s'étaient accumulés au fil des siècles. Les murs des différents monastères devinrent réputés pour certaines fonctions psychiques spécifiques. Les devas gardant les murs ainsi que leurs assistants qui ajustaient les novices, apprenèrent à bien faire, et les moines ayant des besoins spécifiques étaient donc envoyés supplier au mur du monastère qui leur convenait le mieux, qui les ajusterait avec autant de douceur et d’efficacité que possible pendant qu’eux, les tapasvins, s'efforçaient de s’adapter au nouveau monastère. 


Respect, hospitalité, examen minutieux

285 Les aînés se réjouissaient de l'entrée au monastère d'une âme plus avancée qu'eux, une âme plus astucieuse sur le plan philosophique, plus précise dans sa conduite monastique vis-à-vis de la fruition des sastras sivaïtes. Avec ce nouveau venu, ils se réjouissaient, car ils sentaient que sa présence était la récompense de tous leurs efforts, et ils savaient que son exemple améliorerait le monastère tout entier. Chaque jour, quelques moines qui ne faisaient pas partie du CA, qui se tenaient toujours à l'écart des suppliants près du mur, allaient leur rendre visite, pensant que l'un ou l'autre pouvait être un grand deva, un Dieu ou même l'un des gurus sivaïtes. On traitait donc les suppliants au mur avec beaucoup de soin, on leur disait combien leur présence mettrait en valeur le monastère et combien il était agréable d'y vivre. Ils leur racontaient l'histoire du monastère et quelles étaient ses fonctions actuelles. Ce sont donc les deux tiers du monastère qui offraient cette hospitalité et cet encouragement, tandis que l’autre tiers, le conseil des aînés adoptait le point de vue contraire, se tenant à l'écart des invités et des nouveaux venus, à l'exception du Hanumān. Et lorsque l'examen philosophique avait lieu, ils faisaient savoir aux suppliants à quel point le monastère était strict et précis, et on attendait de chaque moine beaucoup d'efforts et de sādhana. 


Jeunes sadhakas au mur

286 Autour de chacun de nos monastères, il y a bien sûr des sadhakas (envoyés par les hommes de famille qui les avaient préparés en vue de leur entrée) qui demandent à être admis au monastère pour la première fois. On les retenait longtemps près du mur avant de les admettre. Chaque lune, ils étaient soumis à un examen philosophique et à une évaluation minutieuse de leur comportement, de leur conduite et de leur application des sāstras dans leur vie personnelle. Il arrivait que l'on renvoie certains d'entre eux à la famille qui les avait formés pour qu'ils acquièrent de nouvelles compétences dans certains domaines. Pendant cette période, on les encourageait toujours et on les couvrait d'amour et de gentillesse, car il était important que les monastères attirent de nouveaux sadhakas pour que la culture perdure. Mais nous ne laissions jamais choir nos principes et nos normes pour la simple raison d’augmenter la population d’un monastère.


Le pouvoir de la discussion philosophique

287 Chacun de nous se trouve classé dans les esprits des moines selon sa connaissance philosophique à propos des trois mondes. En ceci consistait notre compétence par excellence, car lorsque nous avions l'occasion de parler avec les anciens de la communauté par les ouvertures de nos murs, c'était bien cette philosophie qui soutenait la communauté. Par conséquent, les idées étaient extrêmement subtiles et complexes, et nous nous penchions sur des sujets tels que: "combien d'énergie faudrait-il pour regarder un animal ou sentir une fleur". Les discussions philosophiques ne se terminaient que lorsqu'elles suscitaient un darshan si fort que nous ne pouvions plus parler. 


Observer le comportement pendant le sommeil 

288 Le conseil des aînés possédait un autre pouvoir qui leur était conféré par le Dieu et les devas lorsque ceux-là exerçaient cette fonction. La nuit, sur les plans subtils du monde astral et pendant qu’il dormait, ils étaient capables de suivre le moine cherchant à entrer au monastère. Celui-ci le savait généralement et faisait très attention à ses déplacements nocturnes car, une fois admis au monastère, il ne devait plus le quitter la nuit pendant son sommeil pour aller se balader par la communauté avoisinante, participant à des activités et des plaisirs auxquels il avait renoncé pour être admis. Si on laissait faire, ces activités détérioreraient la force du monastère tout entier. On attendait plutôt de lui que pendant son sommeil, il poursuive diligemment son étude intérieure dans les domaines spirituels du monde astral et du monde causal. Ainsi, avant même son entrée, le CA le surveillait soigneusement et partageait librement lors de leur réunion, tous rêves ou toutes visions de lui qu'ils avaient eus. En exerçant cette capacité avant qu'ils ne le fassent entrer parmi eux, le signe de tête d'approbation indiquant l’unanimité persistait toujours, indiquant que même pendant le sommeil, le candidat serait un atout pour le monastère. 


Critères d’acceptation sévères

289 Parfois, lorsqu'un nouveau venu cherchant à entrer n'était pas bientôt accepté parce qu'il ne parvenait pas à s'adapter ou à participer à la culture subtile du monastère où il voulait entrer, il arrivait qu'après de nombreux entretiens, examens philosophiques et une revue de sa conduite personnelle, l'Umāgaṇeśa n'avait d'autre recours que de suggérer au guru qu’on lui demande de chercher à entrer dans un autre monastère possiblement moins sévère. On choisissait soigneusement à quel nouveau monastère l’envoyer et, en raison de la formation qu'il venait de recevoir, on l’acceptait souvent promptement et il s’avérait une présence bénéfique pour ce nouveau monastère. Nos monastères se situent à une journée de voyage les uns des autres, et chacun d'eux dispose d'une installation permettant à un pèlerin se rendant dans un monastère éloigné de passer la nuit. Ce sont les éducateurs familiaux des jeunes moines qui ont toujours été reconnaissants des normes élevées et exigeantes qu’ont atteint les divers monastères, et ils expliquaient aux jeunes sādhakas potentiels qui étudiaient avec eux et chez eux, quelles étaient les difficultés à surmonter pour entrer dans l'un ou l'autre des monastères et les raisons de ces difficultés. Ces révélations faisaient partie de leur formation et partie intégrante de notre culture. Les normes élevées qui distinguent certains monastères des autres renforcent le sivaïsme sur cette planète. 


Le tapas de ne pas être admis

290 Il arrivait parfois qu'un sādhaka potentiel ne soit admis dans aucun monastère pendant des années, mais cependant, on le laissait toujours tenter sa chance, ce qui faisait partie de sa formation. Cette situation pouvait durer jusqu’à ce que toute sa présence soit celle d'un moine résident avancé et qu'il devienne donc impossible de ne plus l’admettre. Le guru racontait cette expérience à chacun des groupes d'aînés de ses monastères, quand il voulait, quelqu’en soit la raison, qu’un certain disciple soit maintenu à l'extérieur du mur et pas admis tant qu’il montrait des traits d’âme jeune et jusqu’à ce qu’il s’élève au niveau d’un moine aîné. Chacun de nos gurus sivaïtes s’est servi de ce genre de tapas, mais uniquement envers quelques âmes bien choisies. Grâce à ces disciplines, le mur demeurait robuste, une barrière psychique digne de repousser toutes sortes d'intrusions. De plus, chaque monastère sivaïte comptait toujours cinq ou dix pour cent des moines en jaune, car nos śāstras instruisent que le jaune et le blanc doivent toujours être présents. Le blanc peut persister tout seul jusqu'à ce qu’enfin le jaune apparaisse, puis l'orange. Il est normal que le jaune, le blanc et l'orange apparaissent ensemble, mais jamais l'orange et le blanc seuls, car cette situation rassemblerait deux groupes radicalement différents dans leur discipline. Le conseil des aînés veillait de près à ce que cet équilibre soit maintenu, donc il fallait toujours que certains soient toujours en jaune, soit en tapas. 


Visiteurs ne cherchant pas à se faire admettre

291 Des visiteurs viennent de temps en temps sans chercher à se faire admettre. Ce sont des hommes de famille qui enseignent, ainsi que des moines de passage. Ils sont parfois invités à joindre le conseil des aînés, ou ne s’entretenir qu’avec l’Umāgaṇeśa, l’Hanumān et l’Umādeva, pour partager leur message. Cette réunion avait lieu quand leur mission l’exigeait. Après l'entretien, on les invitait à s’attarder un peu avant de reprendre la route. Le conseil les recevait chaleureusement mais sans cérémonie, car ils ne cherchaient pas à supplier au mur. 


L’Hanumān veille sur le mur

292 Durant ma vie de moine sivaïte, il m'est arrivé d'être le Hanumān et de surveiller les allées et venues à l'extérieur du mur. Si quarante ou cinquante personnes méditaient au mur, elles y vivaient pendant de longues périodes, attendant simplement de rencontrer quelqu'un de l'intérieur, ce qui faisait partie de notre culture. Certains de ces moines qui attendent patiemment sont peut-être issus du conseil des aînés d'un autre monastère. En général, j'apprenais d'abord à connaître ceux qui avaient le visage le plus lumineux et la plus profonde humilité et je recommandais au conseil des aînés de les prendre en considération. Je m'entretenais avec ces quelques personnes et leur suggérais de se familiariser sérieusement avec nos procédures monastiques. Discrètement, on les séparait des autres en petits groupes pour les former et les aider à se fondre dans notre communauté. Puisque le conseil des aînés avait été choisi parmi tous ceux qui eux-mêmes avaient été admis, et circulaient librement depuis longtemps par le monastère, il n'y avait pas de mur, pour eux, et il n’incombait qu’à moi seul de veiller sur les allées et venues à l'extérieur du mur, sur les moines cherchant à être admis, les invités et les passants. C’était donc le Hanumān et les jeunes brāhmins qui fonctionnaient ensemble comme une sorte de conseil des aînés pour le devasthānam, et nous nous réunissions pour contenir les forces émotionnelles et spirituelles du devasthānam et veiller aux allées et venues de tous ses résidents.

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