Le 10e chapitre
Le théisme moniste : Notre philosophie, le saïva siddhanta réuni, plutôt que de séparer, deux pôles apparemment opposés de la religion, l’élan de la dévotion vers un Dieu personnel (qui est une personne, quelqu’un, un Être qui est conscient de nous et répond à nos prières) et l’élan vers la méditation où nous recherchons Dieu en nous, ultimement Dieu qui n’est pas distinct, ou autre, que nous. Les grandes religions du monde s’inclinent vers l‘un ou l’autre de ces deux pôles et négligent plus ou moins l’autre. La grandeur et l’utilité de saïva siddhanta est qu’il donne la même importance aux deux.
Le terme philosophique pour cela est théisme moniste. Le théisme considère Dieu comme un être autre que nous, Parameshvara. Et le monisme (venant du latin mono veut dire un seul) ne voit qu’une seule Réalité Ultime, Dieu, Parasiva. source de tout ce qui existe soi-même inclus.
Dans un esprit de dévotion, on adore Dieu et les Dieux, mais en méditation c’est l’essence de l’âme, notre identité en Dieu-même, que nous recherchons. La voie spirituelle la plus riche comprend bien ces deux aspects. Ainsi c’est en tant qu’individu ordinaire, et en même temps en tant qu’âme immortelle qu’on adore et se rapproche de Dieu et des Dieux.
Il y a aussi le dualisme qui s’oppose au monisme et enseigne que Dieu et la création sont deux réalités distinctes, et que Dieu est comme un potier qui crée perpétuellement l'univers, le pot, à partir d’une argile, la matière cosmique, qui a toujours existé et est distincte de lui. Mais le monisme sivaïte enseigne que Siva est toute chose, et que toute chose n’est autre que lui. Il est à la fois le potier, l'argile et le pot qu’il crée.
GURUDEVA: Les monistes, de leur point de vue, du haut de la montagne, perçoivent une réalité unique en toute chose. Les dualistes, au pied de la montagne, voient Dieu, les âmes et le monde comme éternellement distincts. Le théisme moniste est la parfaite réconciliation de ces deux points de vue.